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Evènements historiques significatifs

La compilation de données historiques a permis de dresser un catalogue des cyclones ayant engendré des effets dommageables sur la Guadeloupe et les îles du Nord. La première partie du catalogue couvre la période coloniale, et s’étend de 1635 à 1949. La seconde partie porte sur la période dite récente, comprise entre 1950 et 2018. Le CAT-EHC précise la date de l’évènement, le type de phénomène, les territoires les plus impactés, la catégorie de l’ouragan, son nom international éventuel. Quand cela a été possible, les types et intensités des cyclones récents ont été renseignés au moyen de la base internationale IBTrACS de la NOAA et du site des pluies extrêmes de Météo France.

<i>Source - Leone et al., 2019</i>

Téléchargez le catalogue ici.

Sources anciennes (1635-1949)

Au cours du temps la Guadeloupe a été intégrée aux possessions françaises sous différents statuts. Les sources qui concernent la colonie sont conservées en grande partie aux Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM, Aix-en-Provence). On peut y distinguer les phénomènes d’envergure moyenne, n’affectant que la région de la Guadeloupe et ses dépendances, généralement appelés « coups de vent » ou parfois « bourrasques », des phénomènes de plus grande envergure, qui affectent la région des Antilles, voire des Caraïbes, et qui sont désignés par les termes ouragans et cyclones. Le mot cyclone n’est cependant utilisé qu’à partir du XIXe siècle, et concerne les cas les plus extrêmes (cyclone du 7 août 1899, cyclone du 12 septembre 1928). Les types de documents qui prédominent sont les rapports de gouverneurs et autres administrés, auxquels sont joints des états des pertes matérielles.

Sources récentes (1950-2018)

La seconde partie du catalogue a été établie au moyen d’archives locales (rapports, presse quotidienne), de bases de données préexistantes, de ressources en ligne et d’actes administratifs. La grande majorité des informations a été extraite de la presse locale et notamment du quotidien « France-Antilles », disponible aux archives départementales de Guadeloupe depuis 1964 et dont l’équivalent antérieur était le journal « Antilles Matin ». D’autres périodiques tels que « Clartés » ou « Le Nouvelliste » ont été consultés. Ces recherches documentaires ont ensuite été complétées et recoupées avec des témoignages recueillis auprès de la population.

Evènements significatifs

Le catalogue répertorie 132 évènements hydro-climatiques ayant impacté de manière significative la Guadeloupe et/ou les îles du Nord (Saint-Martin & Saint-Barthélemy) depuis 1635. Parmi eux, 17 ont surtout touché les îles du Nord, voire quasi exclusivement en 1819, 1823, 1837, 1960 (Donna), 1995 (Luis), 1996 (Bertha), 1997 (Erika), 1998 (Danielle), 1999 (José), 2017 (Irma). Les dates au mois près sont connues pour 125 d’entre eux, et au jour près pour 117. Les siècles les plus marqués sont le XXe (41 évènements), le XVIIIe (36) et le XIXe (26). Les demi-siècles correspondants les plus touchés ont été les années 1950-1999 (33) et 1750-1799 (20). Au final, depuis 1635, on recense une moyenne de 3,5 évènements significatifs par décennies. La décennie 1990 est la plus représentée avec quatorze évènements. Les années qui ont connu le plus de cyclones ont été 1666, 1715, 1766, 1970, 1995, 1998, 1999 et 2017 avec au moins trois cyclones recensés par an. Les mois les plus concernés ont été septembre (42), août (41) et octobre (15).

Les trajectoires historiques connues des événements significatifs sont visibles sur la carte interactive ci-dessous. Cliquez sur les lignes du tableau pour faire apparaître la trajectoire de l’événement.

N.B - les lignes grisées indiquent qu’aucune trajectoire connue n’est localisable.

Trajectoires cycloniques significatives connues pour la Guadeloupe et les îles du Nord.


Fiches d’événements

Les caractéristiques et les effets des cyclones les plus marquants ont été synthétisés dans des fiches. Parcourez les fiches événement ci-dessous.

N.B - Le défilé s’arrête en passant la souris sur l’image.


Fiches de quelques cyclones significatifs.


Téléchargez les fiches ici.


Auteurs : Frédéric LEONE (PR), Samuel BATTUT, Victoria BIGOT, Guilhem COUSIN THOREZ

Organisme : UMR GRED (Gouvernance, Risques, Environnement, Développement) - Université Paul-Valéry Montpellier 3 & IRD

Contact : frederic.leoneSYMBOLECOURRIERELECTRONICuniv-montp3.fr

Mortalité et cyclones en Guadeloupe

Ce bilan humain a été établi pour 45 évènements dont un épisode de foudre ayant entrainé la mort de deux personnes en octobre 2014. Il est compris entre 2124 et 2501 morts depuis 1635. En prenant en compte les données apportées par d’autres auteurs, la fourchette maximale est comprise entre 2140 et 2993 victimes depuis 1635. Les grands cyclones meurtriers en Guadeloupe remontent à 1928, 1899, 1865, 1713, 1738, 1740, 1825 (Santa-Anna), 1865, 1899 et surtout 1928 avec le cyclone le plus meurtrier « Okeechobee » (1110 à 1227 morts). Ceux ayant affecté Saint-Martin et Saint-Barthélemy remontent à 1819, 1898 et 2017 (Irma). Sur la période d’après-guerre, Irma reste le dernier cyclone le plus meurtrier pour Saint-Martin avec onze morts. Il faut remonter à Hugo (1989, 15 morts), Inez (1966, 28 morts) et Cléo (1964, 13 morts) pour retrouver des bilans comparables en Guadeloupe.

Le travail sur archives a permis d’établir des bilans de victimes par commune actuelle de Guadeloupe pour cinq grands cyclones de la période ancienne (1738, 1740, 1865, 1899, 1928).

Répartition communale de la mortalité pour quelques cyclones historiques (Guadeloupe).

Cette reconstitution spatiale inédite permet de faire des hypothèses sur les trajectoires approximatives de ces cyclones anciens. Pour 1738, la trajectoire semble être passée au centre de la Guadeloupe, ou légèrement à l’Ouest de Grande-Terre. On peut en tirer des conclusions semblables pour 1740. Par contre, on observe une répartition symétriquement opposée des victimes de 1865 et 1899 qui semble indiquer une trajectoire sur le Sud de la Guadeloupe pour 1865 et sur le Centre/Nord de Grande-Terre pour 1899. Quant au cyclone de 1928, il a fortement impacté la Grande-Terre et l’Est de la Basse-Terre, ce qui suggère une trajectoire assez centrale ou légèrement portée vers l’Est.

Depuis 1950, on peut établir la répartition spatiale de 66 victimes directes en lien avec leur environnement immédiat, sur 101 recensées au total (SIG-MHC / GRED, 2019).

Localisation des victimes récentes en Guadeloupe.

Les communes du Sud de Basse-Terre et du sud de Grande-Terre enregistrent le nombre de décès le plus important. La commune de Saint-Claude est celle qui a connu le plus de décès, avec douze victimes, suivie de la commune des Abymes (11 victimes). Sur Grande-Terre, ces communes correspondent globalement aux côtes au vent, donc aux espaces les plus exposés aux effets du vent lors d’épisodes cycloniques. Mais il s’agit aussi des communes historiquement les plus peuplées donc présentant le plus d’exposition humaine. Des effets de concentration des décès lors d’un même évènement sont observés. Ils correspondent à des phénomènes de « mort collective », par exemple lorsque la case familiale contenant ses huit membres est ensevelie par un glissement de terrain (quartier Papaye, Saint-Claude, cyclone Cléo, août 1964), ou bien lorsque cinq personnes sont emportées par une rivière en crue à leur domicile (quartier Marigot, Vieux-Habitant, cyclone Helena, octobre 1963), ou lors de la noyade simultanée de cinq personnes à bord d’un véhicule 4x4 au niveau d’un passage à gué (quartier Chazeau, Les Abymes, janvier 2011). Parmi les quatre aléas de type climatique identifiés, le vent est le plus meurtrier avec 25 victimes. Il est suivi de près par les inondations qui ont causé la mort de 23 personnes. À part égale, nous retrouvons ensuite l’aléa mouvements de terrain et la houle, ayant fait chacun huit victimes. Enfin, l’aléa « foudre » est à l’origine de deux victimes.


Auteurs : Frédéric LEONE (PR), Samuel BATTUT, Victoria BIGOT, Guilhem COUSIN THOREZ, Thomas CANDELA, Martin ROBUSTELLI

Organisme : UMR GRED (Gouvernance, Risques, Environnement, Développement) - Université Paul-Valéry Montpellier 3 & IRD

Contact : frederic.leoneSYMBOLECOURRIERELECTRONICuniv-montp3.fr


Focus sur la saison cyclonique 2017

La saison cyclonique 2017 a été lourde de conséquences pour les Antilles françaises. Les cyclones Irma et Maria ont fortement impacté les îles de Guadeloupe et du Nord (Saint-Martin et Saint-Barthélemy).

Sur la partie française de Saint-Martin, l’ouragan Irma a causé la mort de onze personnes et généré des dommages très importants sur le parc immobilier, soit environ 16 000 constructions. Les rapports officiels font état de 95 % du bâti endommagé, avec 20 % de constructions complètement détruites dont plusieurs bâtiments publics. La préfecture, la médiathèque et 4 établissements scolaires sur 21 sont aujourd’hui considérés comme irrécupérables. Egalement très impactés, les réseaux d’eau, d’électricité et de téléphonie fixe et mobile ont été partiellement voire totalement coupés dans certains quartiers. Le coût total des dommages assurés a été estimé à 1,17 milliards d’euros pour Saint-Martin et 820 millions pour Saint-Barthélemy. Les opérateurs de cartographie rapide des dommages ont fourni des bilans précis établis à partir de la photo-interprétation d’images satellitaires Pleiades-1B© du 10/09/2017. D’après les données SIG fournies par le service de gestion des urgences (EMS) de Copernicus, 58 % du stock bâti a subi des dommages de niveau supérieur ou égal à la classe MD (Moderately Damaged), dont 20,7 % de bâtiments complètement détruits (classe CD : Completely Destroyed). Quant à lui, le service de cartographie du SERTIT, mobilisé dans le cadre de la Charte Internationale Espace et catastrophes majeures, a estimé ce pourcentage à 47,4 %, avec seulement 9,5 % de bâtiments complétement détruits.

Retour sur la catastrophe IRMA à Saint-Martin.

En savoir plus sur la saison cyclonique 2017 (Projet TIREX).


Auteurs : Thomas CANDELA & Martin ROBUSTELLI

Organisme : UMR GRED (Gouvernance, Risques, Environnement, Développement) - Université Paul-Valéry Montpellier 3 & IRD

Contact : thomas.canSYMBOLECOURRIERELECTRONIChotmail.fr


Indices d’activité morpho-sédimentaire des côtes en Guadeloupe

Courant juillet 2017 un travail de terrain a permis de conduire une recherche exploratoire des dépôts de haute énergie imputable à des aléas côtiers (météo-marins et géodynamiques) récents et passés, ainsi qu’une analyse multi-sites de la vulnérabilité côtière

L’objectif était de proposer des éléments de compréhension des systèmes côtiers à partir d’observations topo-morphologiques et d’analyses d’indicateurs morpho-sédimentaires.

Découverte de dépôts de haute énergie

Les côtes guadeloupéennes sont exposées à des aléas côtiers tels que l’érosion côtière, la submersion marine, les mouvements de terrain… Certains événements paroxystiques comme les cyclones et les tsunamis ont laissé des traces de leur passage. Ces traces correspondent surtout à des dépôts de sédiments et de blocs. Nos observations de terrain signalent que les dépôts observés par d’autres auteurs sont toujours en place. L’absence de données plus fines et de calage chronologique a parfois rendu difficile la distinction entre les dépôts météo-marins et les dépôts de tsunamis. En plus des sites déjà répertoriés, nous avons identifié d’autres dépôts d’évènements de haute énergie, sans que l’on puisse à ce jour interpréter leur origine et la date de mise en place.

Inventaire préliminaire des événements de haute énergie ayant touché la Guadeloupe.

La couverture végétale dense et les plans d’eau sablo-vaseux occupés par de la mangrove ont été un obstacle majeur à la reconnaissance des dépôts de haute énergie. Il y a probablement des archives sédimentaires à recueillir dans les étangs mais cela nécessite un matériel adapté à cet environnement littoral.

Diagnostic de l’état de quelques plages.

Le contexte géologique de la Guadeloupe a donné naissance à une variété de côtes : côtes rocheuses volcaniques et sédimentaires, côtes sableuses, côtes d’embouchure. Nos observations ont porté sur les côtes d’accumulation à Basse Terre et Grande Terre. Dans une grande majorité de situations, les côtes urbanisées souffrent de l’érosion côtière. La plage située à l’ouest du port de Sainte-Anne est touchée par l’érosion côtière : plages étroites ou ayant disparu, cocotiers déracinés, clôtures arrachées. Les enrochements ne parviennent que difficilement à ralentir cette érosion graduelle.

À Saint-François, l’érosion de la plage des Raisins pose de sérieux problèmes pour les gestionnaires qui essaient, tant bien que mal, de protéger les sépultures pré-coloniales. Un revêtement en géotextile a été installé sur la dune escarpée, taillée en falaise d’érosion par les vagues. Compte tenu de l’importante fréquentation touristique de la plage des Raisins, une petite barrière en bois et un panneau d’information ont été installés pour sensibiliser la population à l’érosion côtière et ses impacts sur le site archéologique. Nous considérons que la situation va se dégrader à cause des enrochements qui certes protègent le restaurant, mais qui amplifient les processus d’ablation de part et d’autre de ce point dur.

L’érosion côtière est également perceptible sur les plages de la Perle, du Rifflet, Sainte-Rose, tout comme à Pointe-Noire. Plusieurs plages ont été équipées d’ouvrages de défense mais leur effet sur la dynamique côtière n’est pas probant.


<i>Source - GRED, 2017</i>

Quels sont les processus actifs qui expliquent cette tendance à l’érosion ? S’agit-il d’une modification de la courantologie côtière, d’une réduction des apports sédimentaires à l’interface avant côte–plage ? Les cayes et les ilots sont des formes mouvantes, présentes sur de nombreuses avant-côtes. Leur état (stable, en érosion ou en accrétion) et leur position influencent-ils le degré d’exposition des côtes aux vagues ? Les pressions anthropiques exercées sur les systèmes côtiers en zone urbaine créent une instabilité que l’on perçoit dans la dégradation des plages, des dunes et de la végétation. La capacité de récupération de ces plages artificialisées interroge : le système côtier peut-il récupérer en zone urbaine, sous quelles formes et quelles temporalités ? La tendance du recul du trait de côte sur les plages urbaines va-t-elle se poursuivre et s’amplifier en raison de la littoralisation continue et des impacts du changement climatique ?


Auteur : Tony REY (MCF)

Organisme : UMR GRED (Gouvernance, Risques, Environnement, Développement) - Université Paul-Valéry Montpellier 3 & IRD

Contact : tony.reySYMBOLECOURRIERELECTRONICuniv-montp3.fr


Diagnostic de vulnérabilité du bâti

L’UMR GRED a mené un diagnostic de vulnérabilité des bâtiments et de leurs occupants sur 13 communes identifiées comme étant particulièrement exposées aux conséquences du changement climatique. Ce diagnostic visuel basé sur l’identification de 6 critères a concerné 2100 bâtiments situés à la fois en zones de submersion marine et d’inondation.

173

Sélectionnez une commune pour connaitre le nombre de bâtiments diagnostiqués.


L’implantation des populations sur les littoraux les expose aux risques cycloniques, à l’érosion et sur le long terme à l’élévation du niveau marin. En Guadeloupe, plusieurs milliers d’habitations mais aussi d’ERP (établissement recevant du public) doivent faire face aux houles cycloniques (environ 15000 bâtis) et aux inondations par débordement de cours d’eau (environ 30 000 bâtis).

Appréhender la vulnérabilité des bâtiments implique d’évaluer sur le terrain plusieurs critères de vulnérabilité adaptés au contexte local. Leur combinaison permet ainsi d’établir des indicateurs de vulnérabilité utiles pour comparer les secteurs d’études et hiérarchiser les niveaux de risque.


Critères de vulnérabilité relevés sur le terrain

Critères Vulnérabilité faible Vulnérabilité forte
Résistance de la structure Matériaux en dur (parpaing, pierre) Matériaux légers (tôle, bois)
Résistance de la toiture Matériaux en dur (béton) Matériaux légers (tôle, bois)
Hauteur du bâtiment Demi étage et étages Plain-pied
Niveau de l’aire du plancher Au-dessus du niveau de la route Même niveau ou sous le niveau de la route
Issue Pas de barreaux aux fenêtres Barreaux aux fenêtres
Accessibilité Avenue, route, rue Ruelle, impasse, piétonnier, plage/mer


L’analyse des critères montre des disparités quantitatives et spatiales inter communales.

Répartition des critères de vulnérabilité par commune (bâti diagnostiqué)


Les critères de "résistance" montrent une vulnérabilité élevée dans les communes étudiées. Une adaptation de l’habitat doit être encouragée, ce qui doit passer en priorité par une mise en conformité paracyclonique des toitures pour faire face aux phénomènes météorologiques extrêmes, notamment les vents induits par les cyclones.

Les critères "nombre d’étages" et "surélévation" traduisent un niveau de vulnérabilité structurelle mais qualifient aussi en partie la vulnérabilité humaine des occupants liée à la dangerosité du bâti. Les bâtis les plus vulnérables de ce point de vue sont les habitations de plain-pied qui représentent 54% des bâtiments étudiés à Deshaies, 83% à Capesterre-Belle-Eau, 86% au Lamentin, et 87% à Morne à l’Eau. Face à cette situation et pour les habitations situées en bordure littorale, une évacuation en lieu sûr doit être anticipée.

La vulnérabilité humaine est aussi qualifiée au moyen de critères d’accessibilité directe et indirecte à l’échelle du bâti (ouvertures facilitant la fuite) et à l’échelle du quartier (type de voies de communication). Elle est aisée à Grand Bourg ou à Deshaies tandis que Sainte-Anne et Le Moule présentent une accessibilité de mauvaise qualité.


Accéder au livrable.

Auteurs : Stéphanie DEFOSSEZ (MCF) & Monique GHERARDI (IGE)

Organisme : UMR GRED (Gouvernance, Risques, Environnement, Développement) - Université Paul-Valéry Montpellier 3 & IRD

Contacts : stephanie.defossezSYMBOLECOURRIERELECTRONICuniv-montp3.fr - monique.gherardiSYMBOLECOURRIERELECTRONICuniv-montp3.fr


Le changement climatique perçu par les Guadeloupéens

Environ 300 personnes ont répondu à une enquête menée en 2017 dans 13 communes guadeloupéennes. Il s’agissait de cerner leur niveau de perception du changement climatique, d’évaluer leur compréhension des phénomènes en jeu, et de recenser leurs attentes en matière d’explications scientifiques.

Sélectionnez une commune pour connaitre le nombre d'enquêtés.


Tout en étant préoccupés par l’avenir de la Guadeloupe et des générations futures (50%), deux tiers des interrogés ne se considèrent pas menacés par le changement climatique. En effet, 66% des répondants n’éprouvent pas le sentiment de menace (cf. diagramme 1) : « je ne vois pas le danger », « les effets seront minimes », « les changements seront à long terme, je ne les verrai pas », « je n’ai pas peur ». Par contre 1/3 des interrogés se sentent menacés (cf. diagramme 1), le changement climatique représentant pour eux « des préoccupations pour l’avenir », « un sujet important », « des inquiétudes ».
Les populations associent le changement climatique à des phénomènes naturels parmi lesquels sont le plus souvent cités :
  • L’augmentation des températures,
  • La fonte des glaces,
  • Des modifications saisonnières,
  • La hausse du niveau marin.

  • Plus de la moitié des personnes interrogées ont conscience de la responsabilité de l'homme dans le processus du changement climatique (cf. questions/réponses). Toutefois, 31 % des personnes interrogées pensent encore que le changement climatique est uniquement un processus naturel (cf. diagramme 2). Parmi ces 31%, près d’1/3 estiment que c'est l’activité solaire qui est en cause tandis que d'autres pensent que la rotation de la Terre et la tectonique des plaques ont une incidence (alors que le changement climatique n'est pas induit par ce type de phénomène) (cf. questions/réponses) (cf. diagramme 2).
    Plus de la moitié des personnes interrogées considèrent qu'il existe des relations entre changement climatique et les aléas naturels (cf. diagramme 3). Selon eux, la fréquence de certains phénomènes dommageables pourrait s'accroître à l'avenir.


    La moitié des enquêtés s'est exprimée sur les conséquences du changement climatique. 74 personnes retiennent notamment une augmentation des événements naturels tels que :
  • Effets d'augmentation des événements naturels
  • Effets environnementaux
  • Effets climatiques / atmosphériques
  • Effets sociétaux
  • Effets eustatiques (élévation du niveau de la mer)

  • Quelques interrogés mettent en avant le caractère géodynamique des effets (séisme, volcanisme, tsunami, etc.) alors que le changement climatique n’a pas d’incidence directe sur le déclenchement de ces phénomènes (cf. questions/réponses). Par ailleurs, les impacts sur l’agriculture, la modification de l’activité solaire ou encore la fonte des glaces sont souvent évoqués (43 citations).


    En Guadeloupe, 60% des enquêtés sont convaincus que leur archipel est soumis aux effets du changement climatique. D’ailleurs 34% disent avoir déjà observé des impacts telles que la modification du trait de côte (recul des plages et érosion littorale) et des modifications saisonnières (carême moins chaud et plus pluvieux, hivernage plus frais et atténuation des différences saisonnières).


    Nuage de mots évoquant le changement climatique pour les enquêtés.

    (Taille proportionnelle au nombre de citations)



    Auteur : Stéphanie DEFOSSEZ (MCF)

    Organisme : UMR GRED (Gouvernance, Risques, Environnement, Développement) - Université Paul-Valéry Montpellier 3 & IRD

    Contact : stephanie.defossezSYMBOLECOURRIERELECTRONICuniv-montp3.fr

    Simulation de la croissance urbaine à Sainte-Anne (Guadeloupe) à l’horizon 2030

    La prise en compte des effets locaux du changement climatique et des risques associés doit nécessairement intégrer l’évolution du territoire dans sa dynamique urbaine. La modélisation des aléas doit ainsi s’accompagner d’une modélisation des enjeux futurs afin de pouvoir identifier les risques à moyen terme car si les phénomènes évoluent, les enjeux territoriaux évoluent aussi. Cette analyse prospective a ici été expérimentée au moyen de simulations numériques en prenant le cas de la commune de Saint-Anne.

    L’étude a consisté, d’une part, à analyser les modalités des dynamiques urbaines en Guadeloupe et, d’autre part, à implémenter un outil de simulation de la croissance urbaine à l’horizon 2030 permettant d’identifier les zones de croissance les plus exposées aux aléas climatiques. Les résultats ont vocation à être exploités par les spécialistes des risques environnementaux pour compléter les indicateurs de vulnérabilité en fonction des scénarios prospectifs de changement climatique fournis par Météo France, partenaire du programme.

    L’analyse des modalités des dynamiques urbaines a été réalisée à partir d’un travail de terrain effectué en mars 2018 sur les communes de Sainte-Anne, Basse-Terre et Le Moule. Il nous a permis d’identifier les principaux facteurs de croissance et de mieux comprendre les mécanismes de croissance couplés avec l’implantation du bâti existant.

    Les cartes issues de cette analyse ont permis de révéler des facteurs déterminants. Outre des facteurs généraux de natures démographique et économique, nous avons pu mettre en évidence l’influence de la topographie (pente), de la distance au réseau routier, de la proximité du tissu urbain existant et des zonages contraignants issus du Plan de Prévention des Risques Naturels (PPRN) et du Plan d’Occupation des Sols (POS). L’ensemble de ces facteurs a été intégré au sein d’un automate cellulaire, implémenté dans l’outil NetLogo, permettant d’élaborer trois scénarios géoprospectifs de croissance urbaine. Pour définir le taux de croissance urbaine des scénarios, nous nous sommes appuyés sur le Schéma d’Aménagement Régional (SAR) de la Guadeloupe publié en 2011. Il préconise d’urbaniser 1500 hectares de nouveaux terrains d’ici 2030 pour subvenir aux besoins en logements et infrastructures.

    <i>Source - Lammoglia & Chapelon, 2019</i>

    Ce travail réalisé à grande échelle sur la commune de Sainte-Anne montre que les terrains les plus propices à l’urbanisation ne sont pas tellement les noyaux déjà existants, mais plutôt les petits ilots situés le long des réseaux de transport et à l’intérieur des terres. Cela entrainerait donc un étalement toujours plus diffus et un mitage toujours très important du tissu urbain à l’horizon 2030. Les résultats nous invitent à réfléchir à l’intégration future de facteurs plus difficilement quantifiables, mais dont l’influence est avérée, comme le non-respect des règles d’urbanisme par certains habitants - limitant l’effet des zonages des plans locaux d’urbanisme - et conjointement, la difficulté des pouvoirs publics à maitriser l’urbanisation informelle.

    Evolution de la tâche urbaine à Sainte-Anne (Guadeloupe)


    Travail présenté à la conférence ThéoQuant (février 2019).

    Auteurs : Adrien LAMMOGLIA (MCF) & Laurent CHAPELON (PR)

    Organisme : UMR GRED (Gouvernance, Risques, Environnement, Développement) - Université Paul-Valéry Montpellier 3 & IRD

    Contacts : lammoglia.adrienSYMBOLECOURRIERELECTRONICgmail.com - laurent.chapelonSYMBOLECOURRIERELECTRONICuniv-montp3.fr

    Simulation numérique à très haute résolution des effets (pluie et rafales) de l’ouragan Maria (2017) sur l’archipel de la Guadeloupe

    Après avoir dévasté l’île de la Dominique, l’ouragan Maria, alors en catégorie 4, passe au plus près de l’archipel de la Guadeloupe (centre à 20 km des îles des Saintes), le 19 septembre 2017 à 5h UTC (1h locale). À cet instant, le vent maximum soutenu et la rafale maximale sont estimés respectivement à 250 km/h et 305 km/h (NHC). Les îles des Saintes (Terre-de-Haut et Terre-de-Bas) et la commune de Vieux-Fort (au Sud de la Basse-Terre) ont été les zones les plus impactées par les rafales maximales avec pour conséquences des dégâts majeurs sur les structures. Les pluies intenses renforcées par le relief de la Soufrière se sont abattues sur la côte sous-le-vent de l’île de la Basse-Terre. Des inondations importantes ont été observées dans l’agglomération de Pointe-à-Pitre qui est la zone la plus peuplée de l’archipel (250 mm en 24h au Raizet). Les enjeux de la reconstitution numérique à très fine échelle du passage de l’ouragan Maria à proximité de la Guadeloupe sont :

    Les simulations ont été réalisées à l’aide du modèle numérique météorologique WRF ARW. Les résultats présentés ici comportent deux résolutions spatiales :

    <i>Source - Cécé & Bernard, 2019</i>

    La comparaison des résultats avec les données de stations d’observation Météo-France a montré une très bonne performance du modèle tant pour la représentation des rafales que pour les pluies intenses. Les résultats à 280 m de résolution ont permis d’obtenir des cartes de rafales maximales à l’échelle de la ville sur l’ensemble de la Guadeloupe. Dans le Sud de l’île de la Basse-Terre, les rafales maximales simulées atteignent respectivement 260 km/h, 220 km/h et 200 km/h, dans les communes de Vieux-Fort, Trois-Rivières et Basse-Terre.

    <i>Source - Cécé & Bernard, 2019</i>

    Le modèle à 90 m de résolution indique des rafales à 310 km/h sur le point culminant des Saintes et des vitesses de 260 km/h dans des zones côtières habitées. À 40 km des Saintes, dans l’agglomération pointoise, la rafale maximale simulée à 90 m de résolution atteint 190 km/h. La zone industrielle de Jarry est impactée par des rafales supérieures à 140 km/h. Le modèle représente de manière réaliste l’intensification du vent de surface dans les zones de bâti et son affaiblissement dans les zones de végétation comme la mangrove.

    <i>Source - Cécé & Bernard, 2019</i>


    Auteurs : Raphaël CECE (IGE) & Didier BERNARD (MCF)

    Organisme : LARGE (Laboratoire de Recherche en Géosciences et Energie) - Université des Antilles

    Contacts : raphael.ceceSYMBOLECOURRIERELECTRONICuniv-antilles.fr - didier.bernardSYMBOLECOURRIERELECTRONICuniv-antilles.fr


    Changement climatique dans la région des Caraïbes : analyse de 50 ans d’observations

    La région des Caraïbes est un ensemble d’îles tropicales et de grandes masses de terres continentales, entourant le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes. Les tendances mensuelles à long terme de 1969 à 2015, pour les températures (TMP) et de 1969 à 2017 pour les précipitations (PRE) ont été évaluées sur un ensemble des données spatiales obtenues à partir de stations météorologiques réparties dans toute la région. C’est un jeu de données spatio-temporelles récentes provenant du Climate Research Unit, version v.4.02. Des structures spatiales normalisées, appelées EOF sont extraites de cette base pour expliquer la variabilité et les tendances des températures et des précipitations mensuelles, pour les périodes de Janvier-Février-Mars (JFM), saison sèche et de Juillet-Août-Septembre (JAS), saison humide.

    Pour la température mensuelle en JFM et JAS, une très grande partie de la région des Caraïbes montre un réchauffement quasi uniforme et statistiquement significatif pour les deux saisons. Seule une petite partie Nord Ouest de la région montre une tendance à la baisse en JFM. L’évolution temporelle des anomalies ou écarts à la moyenne spatiale montre des valeurs positives et croissantes, à partir de la décennie 2010 (JFM) et 2000 (JAS), confirmant la tendance au réchauffement.

    <i>Source - Bernard & Cécé, 2019</i>

    Pour les précipitations mensuelles, le motif spatial de la première EOF explique près de la moitié de la variabilité des données. Il montre différents contrastes en fonction des saisons :

    L’évolution temporelle des anomalies des cumuls de précipitations montre une forte variabilité interannuelle avec des alternances positives ou négatives tous les 2-5 ans confirmant l’absence de tendance significative à l’échelle de ce demi-siècle.

    <i>Source - Bernard & Cécé, 2019</i>


    Auteurs : Didier BERNARD (MCF) & Raphaël CECE (IGE)

    Organisme : LARGE (Laboratoire de Recherche en Géosciences et Energie) - Université des Antilles

    Contacts : didier.bernardSYMBOLECOURRIERELECTRONICuniv-antilles.fr - raphael.ceceSYMBOLECOURRIERELECTRONICuniv-antilles.fr


    En savoir plus sur l’évolution de l’activité cyclonique

    Les histogrammes du nombre annuel de jours correspondant à des tempêtes tropicales/ouragans mineurs/majeurs pour les climats historique et futur permettent de nuancer l’information issue de la carte de l’évolution des densités de trajectoires cycloniques (cf. ci-dessous et atlas interactif), qui ne permet que de quantifier les changements de fréquence des cyclones, en apportant une information sur les changements de leur intensité. Par ailleurs, les histogrammes de l’ACE (énergie cumulative des cyclones) annuelle permettent de synthétiser les informations issues d’une part de la carte de l’évolution des densités de trajectoires cycloniques (changements de fréquence) et d’autre part des histogrammes du nombre annuel de jours en tempêtes tropicales et ouragans mineurs/majeurs (changements d’intensité), en apportant une information sur les changements d’énergie associée aux cyclones, une quantité en lien avec les impacts potentiels.

    Evolution de l’activité cyclonique dans un contexte de changement climatique

    D’après les projections du modèle Arpege-Climat, le nombre de tempêtes tropicales serait amené à diminuer partout de façon nette, à l’exception de la région du Cap-Vert où le nombre de tempêtes augmente nettement et dans les latitudes moyennes où les changements sont peu marqués. Le nombre d’ouragans mineurs serait quant à lui amené à évoluer de manière similaire au nombre de cyclones en général : nette augmentation autour du Cap-Vert et dans les latitudes moyennes, nette diminution dans le Golfe du Mexique, et peu de changement dans la Caraïbe et le centre du bassin. Enfin, le nombre d’ouragans majeurs serait également amené à évoluer de manière similaire : nette augmentation autour du Cap-Vert et dans les latitudes moyennes, nette diminution dans la Caraïbe, et peu de changement dans le Golfe du Mexique et le centre du bassin.

    En moyenne à l’échelle du bassin, les tempêtes tropicales sont sensiblement moins nombreuses dans la projection future, tandis que le nombre d’ouragans (mineurs et majeurs) ne présente pas d’évolution future particulière. La proportion des tempêtes tropicales dans le nombre total de cyclones est également en léger recul en faveur des ouragans (mineurs et majeurs), indiquant une tendance générale à l’intensification des cyclones, que l’on retrouve notamment dans le centre du bassin, les moyennes latitudes et autour du Cap-Vert. Par ailleurs, l’énergie des cyclones serait amenée à évoluer de manière similaire à leur fréquence plutôt qu’à leur intensité : nette augmentation autour du Cap-Vert et dans les latitudes moyennes, nette diminution dans la Caraïbe et le Golfe du Mexique, et peu de changement dans le centre du bassin. En moyenne à l’échelle du bassin, l’ACE ne présente en revanche pas d’évolution future particulière.

    Détail des méthodes de calcul

    Nombre de jours cycloniques

    Pour chaque tempête tropicale/ouragan mineur/majeur et chaque pas de temps de 6 h, on attribue au sous-domaine contenant la position du centre (ainsi qu’au domaine complet) une valeur égale à 0.25 (correspondant à un pas de 6 h), qui est alors cumulée aux autres valeurs déjà calculées pour ce sous-domaine (ainsi que pour le domaine complet). Les valeurs correspondant à un sous-domaine donné (ainsi qu’au domaine complet) sont ensuite cumulées sur l’ensemble des trajectoires de tempêtes tropicales/ouragans mineurs/majeurs, avant d’être divisées par le nombre d’années.

    Energie cumulative des cyclones

    Pour chaque cyclone (tempête tropicale ou supérieur) et chaque pas de temps de 6 h, on attribue au sous-domaine contenant la position du centre (ainsi qu’au domaine complet) une valeur égale au carré du vent maximal soutenu correspondant à ce pas de temps, qui est alors cumulée aux autres valeurs déjà calculées pour ce sous-domaine (ainsi que pour le domaine complet). Les valeurs correspondant à un sous-domaine donné (ainsi qu’au domaine complet) sont ensuite cumulées sur l’ensemble des trajectoires, avant d’être divisées par le nombre d’années.


    Auteur : Météo-France

    Organisme : Météo-France

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