Pour en savoir plus

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Evènements historiques significatifs

La compilation de données historiques a permis de dresser un catalogue des cyclones ayant engendré des effets dommageables sur la Guadeloupe et les îles du Nord. La première partie du catalogue couvre la période coloniale, et s’étend de 1635 à 1949. La seconde partie porte sur la période dite récente, comprise entre 1950 et 2018. Le CAT-EHC précise la date de l’évènement, le type de phénomène, les territoires les plus impactés, la catégorie de l’ouragan, son nom international éventuel. Quand cela a été possible, les types et intensités des cyclones récents ont été renseignés au moyen de la base internationale IBTrACS de la NOAA et du site des pluies extrêmes de Météo France.

<i>Source - Leone et al., 2019</i>

Téléchargez le catalogue ici.

Sources anciennes (1635-1949)

Au cours du temps la Guadeloupe a été intégrée aux possessions françaises sous différents statuts. Les sources qui concernent la colonie sont conservées en grande partie aux Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM, Aix-en-Provence). On peut y distinguer les phénomènes d’envergure moyenne, n’affectant que la région de la Guadeloupe et ses dépendances, généralement appelés « coups de vent » ou parfois « bourrasques », des phénomènes de plus grande envergure, qui affectent la région des Antilles, voire des Caraïbes, et qui sont désignés par les termes ouragans et cyclones. Le mot cyclone n’est cependant utilisé qu’à partir du XIXe siècle, et concerne les cas les plus extrêmes (cyclone du 7 août 1899, cyclone du 12 septembre 1928). Les types de documents qui prédominent sont les rapports de gouverneurs et autres administrés, auxquels sont joints des états des pertes matérielles.

Sources récentes (1950-2018)

La seconde partie du catalogue a été établie au moyen d’archives locales (rapports, presse quotidienne), de bases de données préexistantes, de ressources en ligne et d’actes administratifs. La grande majorité des informations a été extraite de la presse locale et notamment du quotidien « France-Antilles », disponible aux archives départementales de Guadeloupe depuis 1964 et dont l’équivalent antérieur était le journal « Antilles Matin ». D’autres périodiques tels que « Clartés » ou « Le Nouvelliste » ont été consultés. Ces recherches documentaires ont ensuite été complétées et recoupées avec des témoignages recueillis auprès de la population.

Evènements significatifs

Le catalogue répertorie 132 évènements hydro-climatiques ayant impacté de manière significative la Guadeloupe et/ou les îles du Nord (Saint-Martin & Saint-Barthélemy) depuis 1635. Parmi eux, 17 ont surtout touché les îles du Nord, voire quasi exclusivement en 1819, 1823, 1837, 1960 (Donna), 1995 (Luis), 1996 (Bertha), 1997 (Erika), 1998 (Danielle), 1999 (José), 2017 (Irma). Les dates au mois près sont connues pour 125 d’entre eux, et au jour près pour 117. Les siècles les plus marqués sont le XXe (41 évènements), le XVIIIe (36) et le XIXe (26). Les demi-siècles correspondants les plus touchés ont été les années 1950-1999 (33) et 1750-1799 (20). Au final, depuis 1635, on recense une moyenne de 3,5 évènements significatifs par décennies. La décennie 1990 est la plus représentée avec quatorze évènements. Les années qui ont connu le plus de cyclones ont été 1666, 1715, 1766, 1970, 1995, 1998, 1999 et 2017 avec au moins trois cyclones recensés par an. Les mois les plus concernés ont été septembre (42), août (41) et octobre (15).

Les trajectoires historiques connues des événements significatifs sont visibles sur la carte interactive ci-dessous. Cliquez sur les lignes du tableau pour faire apparaître la trajectoire de l’événement.

N.B - les lignes grisées indiquent qu’aucune trajectoire connue n’est localisable.

Trajectoires cycloniques significatives connues pour la Guadeloupe et les îles du Nord.


Fiches d’événements

Les caractéristiques et les effets des cyclones les plus marquants ont été synthétisés dans des fiches. Parcourez les fiches événement ci-dessous.

N.B - Le défilé s’arrête en passant la souris sur l’image.


Fiches de quelques cyclones significatifs.


Téléchargez les fiches ici.


Auteurs : Frédéric LEONE (PR), Samuel BATTUT, Victoria BIGOT, Guilhem COUSIN THOREZ

Organisme : UMR GRED (Gouvernance, Risques, Environnement, Développement) - Université Paul-Valéry Montpellier 3 & IRD

Contact : frederic.leoneSYMBOLECOURRIERELECTRONICuniv-montp3.fr

Mortalité et cyclones en Guadeloupe

Ce bilan humain a été établi pour 45 évènements dont un épisode de foudre ayant entrainé la mort de deux personnes en octobre 2014. Il est compris entre 2124 et 2501 morts depuis 1635. En prenant en compte les données apportées par d’autres auteurs, la fourchette maximale est comprise entre 2140 et 2993 victimes depuis 1635. Les grands cyclones meurtriers en Guadeloupe remontent à 1928, 1899, 1865, 1713, 1738, 1740, 1825 (Santa-Anna), 1865, 1899 et surtout 1928 avec le cyclone le plus meurtrier « Okeechobee » (1110 à 1227 morts). Ceux ayant affecté Saint-Martin et Saint-Barthélemy remontent à 1819, 1898 et 2017 (Irma). Sur la période d’après-guerre, Irma reste le dernier cyclone le plus meurtrier pour Saint-Martin avec onze morts. Il faut remonter à Hugo (1989, 15 morts), Inez (1966, 28 morts) et Cléo (1964, 13 morts) pour retrouver des bilans comparables en Guadeloupe.

Le travail sur archives a permis d’établir des bilans de victimes par commune actuelle de Guadeloupe pour cinq grands cyclones de la période ancienne (1738, 1740, 1865, 1899, 1928).

Répartition communale de la mortalité pour quelques cyclones historiques (Guadeloupe).

Cette reconstitution spatiale inédite permet de faire des hypothèses sur les trajectoires approximatives de ces cyclones anciens. Pour 1738, la trajectoire semble être passée au centre de la Guadeloupe, ou légèrement à l’Ouest de Grande-Terre. On peut en tirer des conclusions semblables pour 1740. Par contre, on observe une répartition symétriquement opposée des victimes de 1865 et 1899 qui semble indiquer une trajectoire sur le Sud de la Guadeloupe pour 1865 et sur le Centre/Nord de Grande-Terre pour 1899. Quant au cyclone de 1928, il a fortement impacté la Grande-Terre et l’Est de la Basse-Terre, ce qui suggère une trajectoire assez centrale ou légèrement portée vers l’Est.

Depuis 1950, on peut établir la répartition spatiale de 66 victimes directes en lien avec leur environnement immédiat, sur 101 recensées au total (SIG-MHC / GRED, 2019).

Localisation des victimes récentes en Guadeloupe.

Les communes du Sud de Basse-Terre et du sud de Grande-Terre enregistrent le nombre de décès le plus important. La commune de Saint-Claude est celle qui a connu le plus de décès, avec douze victimes, suivie de la commune des Abymes (11 victimes). Sur Grande-Terre, ces communes correspondent globalement aux côtes au vent, donc aux espaces les plus exposés aux effets du vent lors d’épisodes cycloniques. Mais il s’agit aussi des communes historiquement les plus peuplées donc présentant le plus d’exposition humaine. Des effets de concentration des décès lors d’un même évènement sont observés. Ils correspondent à des phénomènes de « mort collective », par exemple lorsque la case familiale contenant ses huit membres est ensevelie par un glissement de terrain (quartier Papaye, Saint-Claude, cyclone Cléo, août 1964), ou bien lorsque cinq personnes sont emportées par une rivière en crue à leur domicile (quartier Marigot, Vieux-Habitant, cyclone Helena, octobre 1963), ou lors de la noyade simultanée de cinq personnes à bord d’un véhicule 4x4 au niveau d’un passage à gué (quartier Chazeau, Les Abymes, janvier 2011). Parmi les quatre aléas de type climatique identifiés, le vent est le plus meurtrier avec 25 victimes. Il est suivi de près par les inondations qui ont causé la mort de 23 personnes. À part égale, nous retrouvons ensuite l’aléa mouvements de terrain et la houle, ayant fait chacun huit victimes. Enfin, l’aléa « foudre » est à l’origine de deux victimes.


Auteurs : Frédéric LEONE (PR), Samuel BATTUT, Victoria BIGOT, Guilhem COUSIN THOREZ, Thomas CANDELA, Martin ROBUSTELLI

Organisme : UMR GRED (Gouvernance, Risques, Environnement, Développement) - Université Paul-Valéry Montpellier 3 & IRD

Contact : frederic.leoneSYMBOLECOURRIERELECTRONICuniv-montp3.fr


Focus sur la saison cyclonique 2017

La saison cyclonique 2017 a été lourde de conséquences pour les Antilles françaises. Les cyclones Irma et Maria ont fortement impacté les îles de Guadeloupe et du Nord (Saint-Martin et Saint-Barthélemy).

Sur la partie française de Saint-Martin, l’ouragan Irma a causé la mort de onze personnes et généré des dommages très importants sur le parc immobilier, soit environ 16 000 constructions. Les rapports officiels font état de 95 % du bâti endommagé, avec 20 % de constructions complètement détruites dont plusieurs bâtiments publics. La préfecture, la médiathèque et 4 établissements scolaires sur 21 sont aujourd’hui considérés comme irrécupérables. Egalement très impactés, les réseaux d’eau, d’électricité et de téléphonie fixe et mobile ont été partiellement voire totalement coupés dans certains quartiers. Le coût total des dommages assurés a été estimé à 1,17 milliards d’euros pour Saint-Martin et 820 millions pour Saint-Barthélemy. Les opérateurs de cartographie rapide des dommages ont fourni des bilans précis établis à partir de la photo-interprétation d’images satellitaires Pleiades-1B© du 10/09/2017. D’après les données SIG fournies par le service de gestion des urgences (EMS) de Copernicus, 58 % du stock bâti a subi des dommages de niveau supérieur ou égal à la classe MD (Moderately Damaged), dont 20,7 % de bâtiments complètement détruits (classe CD : Completely Destroyed). Quant à lui, le service de cartographie du SERTIT, mobilisé dans le cadre de la Charte Internationale Espace et catastrophes majeures, a estimé ce pourcentage à 47,4 %, avec seulement 9,5 % de bâtiments complétement détruits.

Retour sur la catastrophe IRMA à Saint-Martin.

En savoir plus sur la saison cyclonique 2017 (Projet TIREX).


Auteurs : Thomas CANDELA & Martin ROBUSTELLI

Organisme : UMR GRED (Gouvernance, Risques, Environnement, Développement) - Université Paul-Valéry Montpellier 3 & IRD

Contact : thomas.canSYMBOLECOURRIERELECTRONIChotmail.fr


Indices d’activité morpho-sédimentaire des côtes en Guadeloupe

Courant juillet 2017 un travail de terrain a permis de conduire une recherche exploratoire des dépôts de haute énergie imputable à des aléas côtiers (météo-marins et géodynamiques) récents et passés, ainsi qu’une analyse multi-sites de la vulnérabilité côtière

L’objectif était de proposer des éléments de compréhension des systèmes côtiers à partir d’observations topo-morphologiques et d’analyses d’indicateurs morpho-sédimentaires.

Découverte de dépôts de haute énergie

Les côtes guadeloupéennes sont exposées à des aléas côtiers tels que l’érosion côtière, la submersion marine, les mouvements de terrain… Certains événements paroxystiques comme les cyclones et les tsunamis ont laissé des traces de leur passage. Ces traces correspondent surtout à des dépôts de sédiments et de blocs. Nos observations de terrain signalent que les dépôts observés par d’autres auteurs sont toujours en place. L’absence de données plus fines et de calage chronologique a parfois rendu difficile la distinction entre les dépôts météo-marins et les dépôts de tsunamis. En plus des sites déjà répertoriés, nous avons identifié d’autres dépôts d’évènements de haute énergie, sans que l’on puisse à ce jour interpréter leur origine et la date de mise en place.

Inventaire préliminaire des événements de haute énergie ayant touché la Guadeloupe.

La couverture végétale dense et les plans d’eau sablo-vaseux occupés par de la mangrove ont été un obstacle majeur à la reconnaissance des dépôts de haute énergie. Il y a probablement des archives sédimentaires à recueillir dans les étangs mais cela nécessite un matériel adapté à cet environnement littoral.

Diagnostic de l’état de quelques plages.

Le contexte géologique de la Guadeloupe a donné naissance à une variété de côtes : côtes rocheuses volcaniques et sédimentaires, côtes sableuses, côtes d’embouchure. Nos observations ont porté sur les côtes d’accumulation à Basse Terre et Grande Terre. Dans une grande majorité de situations, les côtes urbanisées souffrent de l’érosion côtière. La plage située à l’ouest du port de Sainte-Anne est touchée par l’érosion côtière : plages étroites ou ayant disparu, cocotiers déracinés, clôtures arrachées. Les enrochements ne parviennent que difficilement à ralentir cette érosion graduelle.

À Saint-François, l’érosion de la plage des Raisins pose de sérieux problèmes pour les gestionnaires qui essaient, tant bien que mal, de protéger les sépultures pré-coloniales. Un revêtement en géotextile a été installé sur la dune escarpée, taillée en falaise d’érosion par les vagues. Compte tenu de l’importante fréquentation touristique de la plage des Raisins, une petite barrière en bois et un panneau d’information ont été installés pour sensibiliser la population à l’érosion côtière et ses impacts sur le site archéologique. Nous considérons que la situation va se dégrader à cause des enrochements qui certes protègent le restaurant, mais qui amplifient les processus d’ablation de part et d’autre de ce point dur.

L’érosion côtière est également perceptible sur les plages de la Perle, du Rifflet, Sainte-Rose, tout comme à Pointe-Noire. Plusieurs plages ont été équipées d’ouvrages de défense mais leur effet sur la dynamique côtière n’est pas probant.


<i>Source - GRED, 2017</i>

Quels sont les processus actifs qui expliquent cette tendance à l’érosion ? S’agit-il d’une modification de la courantologie côtière, d’une réduction des apports sédimentaires à l’interface avant côte–plage ? Les cayes et les ilots sont des formes mouvantes, présentes sur de nombreuses avant-côtes. Leur état (stable, en érosion ou en accrétion) et leur position influencent-ils le degré d’exposition des côtes aux vagues ? Les pressions anthropiques exercées sur les systèmes côtiers en zone urbaine créent une instabilité que l’on perçoit dans la dégradation des plages, des dunes et de la végétation. La capacité de récupération de ces plages artificialisées interroge : le système côtier peut-il récupérer en zone urbaine, sous quelles formes et quelles temporalités ? La tendance du recul du trait de côte sur les plages urbaines va-t-elle se poursuivre et s’amplifier en raison de la littoralisation continue et des impacts du changement climatique ?


Auteur : Tony REY (MCF)

Organisme : UMR GRED (Gouvernance, Risques, Environnement, Développement) - Université Paul-Valéry Montpellier 3 & IRD

Contact : tony.reySYMBOLECOURRIERELECTRONICuniv-montp3.fr


Diagnostic de vulnérabilité du bâti

L’UMR GRED a mené un diagnostic de vulnérabilité des bâtiments et de leurs occupants sur 13 communes identifiées comme étant particulièrement exposées aux conséquences du changement climatique. Ce diagnostic visuel basé sur l’identification de 6 critères a concerné 2100 bâtiments situés à la fois en zones de submersion marine et d’inondation.

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